Cathédrale de Pise et son célèbre campanile, sous le feu du soleil couchant |
Tito Lessi, Galileo & Viviani,1892 Musée Galileo, Florence |
Pietro Stoppioni, Portrait de Viviani, 1806 Musée Galileo, Florence |
La Banque d'Italie ne s'y était d'ailleurs pas trompé, en choisissant, avant le Mathouriste, le même angle de vue pour le monument... | ||
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Rentré chez lui, il se hâte de réaliser des expériences. En bon
expérimetateur, il essaie de multiples situations, mais en ne faisant
varier qu'un seul paramètre à la fois! - D'abord, utiliser diverses masses suspendues à un même fil de longueur fixe: la période ne varie pas, elle est donc indépendante de la ùasse! - Ensuite, essayer des fils de longueurs différentes. Cette fois, la période varie, mais pas en proportion directe de la longueur: le pendule oscille deux fois plus vite lorsque le fil est quatre fois plus court! Ces deux expériences, vous pouvez les visualiser dans cette vidéo. |
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Galilée observant les oscillations du lustre.
(peinture de Luigi Sabatelli), La Tribune de Galilée, Museo La Specola, Florence
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En 1592, le
Sénat de Venise lui offre la chaire de mathématiques de la prestigieuse
université de Padoue. Ci-contre, à gauche, évocation par un timbre
italien (site de Jeff Miller) En 1597, il perfectionne le (et revendique l'invention du!) Compas Géométrique & Militaire... Cet instrument n'a de rapport avec l'instrument traceur de cercle que la forme; c'est une sorte de "règle à calculs" primitive, utilisant la théorie des proportions, dont l'arc et les jambes portent des échelles graduées. Il possède deux pointes sèches. Beaucoup plus de détails sur l'instrument dans cette page. |
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Ci-contre, à droite, un des nombreux instruments réputés construits par Galilée lui-même. (Museo Galileo, Florence) |
![]() Source: site de philatémie mathématique de Jeff Miller |
GALILÉE - Je
ne peux pas te promettre que je supporterai jusqu'au bout ce carnaval.
Ces gens-là s'imaginent avoir reçu un joujou qui va leur rapporter mais
c'est bien davantage. La nuit dernière j'ai pointé cette lunette en direction de la lune.
SAGREDO - Et qu'as-tu vu?
GALILÉE - Elle ne brille pas par elle-même. [...]
SAGREDO - Mais cela contredit deux mille ans d'astronomie! GALILÉE - Exactement. Ce que tu vois, aucun homme encore ne l'a vu, excepté moi. Tu es le second. SAGREDO - Mais la lune ne peut pas être une terre avec des montagnes et des vallées, pas plus que la terre ne peut être une étoile. GALILÉE - La lune peut être une terre avec des montagnes et des vallées, et la terre peut être une étoile. Un corps céleste ordinaire, un parmi des milliers. [...]
SAGREDO - Ainsi, il n'y aurait pas de différence entre la lune et la terre?
GALILÉE - Apparemment pas. SAGREDO - Il n'y a pas dix ans qu'un homme a été brûlé à Rome. Il s'appelait Giordano Bruno et il avait précisément soutenu cela. GALILÉE - Certes. Et nous, nous le voyons. Garde ton œil rivé à la lunette, Sagredo. Ce que tu vois, c'est qu'il ny a pas de différence entre la lune et la terre. Aujourd'hui, dix janvier 1610, l'humanité inscrit dans son journal: ciel aboli. Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 3 Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 3
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SAGREDO - Quand bien même la terre serait un corps céleste, on est encore loin des affirmations des Coperniciens soutenant qu'elle tourne autour du soleil. Il n'y a pas d'astre dans le ciel autour duquel un autre astre tourne. [...] GALILÉE - Sagredo, je m'interroge. Depuis avant-hier, je m'interroge. Voici Jupiter. Il se trouve qu'il y a quatre étoiles plus petites près de lui, qu'on ne voit qu'à l'aide de la lunette. Je les ai vues lundi, mais je n'ai pas pris particulièrement note de leurs positions. Hier, je les ai de nouveau observées. J'aurais pu jurer que les positions des quatre avaient changé. Je les ai notées. Elles ont encore changé. Que se passe-t-il? J'en voyais pourtant quatre. [Agité] Regarde, toi! SAGREDO - J'en vois trois. GALILÉE - Où est la quatrième? [...] La quatrième ne peut être allée que derrière Jupiter où on ne la voit pas. Le voilà, ton astre autour duquel aucun ne tourne! [........................]
SAGREDO - Calme toi! Tu penses trop vite!.GALILÉE - Comment, vite! Réveille toi, l'homme! Ce que tu vois, personne encoure ne l'a vu. Ils avaient raison! SAGREDO - Qui? Les Coperniciens? GALILÉE - Et l'autre aussi! Le monde entier était contre eux, et ils avaient raison. [........................]
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![]() Positions notées (schématiquement) par Galilée dans le Sidereus Nuncius (le Messager des Étoiles, 1610) | ![]() |
[Voir le brouillon de la lettre que Galilée adresse au Doge de Venise, l'informant de sa découverte.] |
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![]() Positions notées en 1668 par Cassini, avec plus de précision. (Observatoire de Paris) |
SAGREDO - As tu perdu la raison? Ne
sais-tu vraiment plus à quoi tu t'exposes si ce que tu vois là est
vrai? Et si tu dis sur toutes les places que la terre est un corps
céleste et n'est pas le centre de l'univers?
Et où est Dieu, alors? GALILÉE - Suis-je théologien? Je suis mathématicien. SAGREDO - Avant tout, tu es un homme. Et je te demande où est Dieu dans ton système du monde? GALILÉE - En nous et nulle part! SAGREDO - Comme l'a dit celui qu'on a brûlé? GALILÉE - Comme l'a dit celui qu'on a brûlé! SAGREDO - C'est pourquoi on l'a brûlé! Il n'y a pas six ans de celà! GALILÉE - Parce qu'il ne pouvait rien prouver! Parce qu'il l'affirmait seulement! SAGREDO - Galilée, je t'ai toujours connu homme adroit. Dix-sept ans durant à Padoue et trois ans à Pise, tu as enseigné patiemment à des centaines d'élèves le système de Ptolémée prôné par l'Église et attesté par l'Écriture sur laquelle repose l'Église. Avec Copernic, tu l'as tenu pour faux, mais tu l'as enseigné. GALILÉE - Parce que je ne pouvais rien prouver. SAGREDO - Et tu crois que cela fait une différence? GALILÉE - Toute la différence! Vois, Sagredo, je crois en l'homme, et cela signifie que je crois en sa raison! |
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SAGREDO - Alors, je vais te dire quelque chose: moi je n'y crois pas.
Quarante ans parmi les hommes m'ont enseigné sans cesse qu'ils ne sont
pas accessibles à la raison. Montre leur la queue rougeoyante d'une
comète, inspire leur une sourde angoisse, et ils sortiront de leurs
maisons en courant à se rompre les jambes. Mais dis leur une phrase raisonnable, et prouve la sept fois par la raison, et ils riront tout simplement de toi.
Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 3
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Galilée, "la lunette à la main" , par Aristomedo Costoli. Galerie des Offices, Florence (extérieur) |
VIRGINIA [Fille de Galiléee] - N'as tu plus rien vu de neuf dans le ciel avec ça? GALILÉE - Rien pour toi. Juste quelques petites tâches ternes du côté gauche d' une grande étoile. Il va falloir de quelque manière que j'attire l'attention sur elles. [à Sagredo] Je vais peut-être les baptiser "astres médicéens" du nom du grand duc de Florence. [à Virginia] Cela t'intéressera, Virginia, de savoir que nous allons sans doute déménager à Florence. J'ai écrit une lettre là-bas pour demander si le grand duc pouvait avoir besoin de moi comme mathématicien à la cour. [........................]
SAGREDO - Ne va pas à Florence, Galilée.GALILÉE - Pourquoi? SAGREDO - Parce que les moines y règnent. GALILÉE - Il y a des savants renommés à la cour de Florence. SAGREDO - Des laquais. GALILÉE - Je les prendrai par la peau du cou et je les traînerai devant la lunette. Les moines aussi sont des hommes, Sagredo. Eux aussi succombent à la sédiuction des preuves .Copernic, ne l'oublie pas, exigeait d'eux qu'ils croient en ses chiffres, mais moi, j'exige simplement qu'ils croient en leurs yeux. SAGREDO - Galilée, je te vois engagé sur un chemin terrible. C'est la nuit du malheur, celle où l'homme voit la vérité. Et l'heure de l'aveuglement, celle où il croit en la raison humaine. [...] Comment les puissants pourraient ils laisser courir en liberté quelqu'un qui sait la vérité, ne serait-ce qu'une vérité touchant les axtres les plus éloignés! Penses tu que le pape entendra ta vérité quand itu dis qu'il se trompe, sans pour autant entendre qu'il se trompe? [...] Comment peux tu vouloir quitter cette République, la vérité dans la poche, pour te jeter dans les pièges des princes et des moines, ta lunette à la main? Toi si méfiant dans ta science, tu es crédule comme un enfant pour tout ce qui te semble faciliter sa pratique. [...] et quand tu disais que tu croyais dans tes preuves, j'ai humé l'odeur de la chair brûlée. J'aime la science, mais toi plus encore, mon ami. Ne va pas à Florence, Galilée. Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 3
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" [...] depuis bien des années déjà, je me suis rallié à la doctrine de Copernic [...]. J'ai écrit sur ce sujet bien des études, avec de nombreuses réfutations des argumentations contraires, mais jusqu'à présent je n'ai pas osé les publier ouvertement,
effrayé par le sort de Copernic notre maître, qui s'est assuré une
gloire immortelle auprès de quelques uns, mais s'est aussi exposé au
mépris et à la dérision d'une infinité d'autres, tant il y a de sots.
J'aurais le courage de de publier mes idées s'il existait assez
d'hommes comme vous; mais puisqu'il ny en a pas, je préfère attendre." Galileo Galilei, lettre à Kepler (4/08/1597)
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" [...] S'il y avait une vraie preuve
que le Soleil est au centre de l'Univers, que la Terre se trouve dans
la troisième sphère et que le Soleil ne tourne pas autour de la Terre,
mais la Terre autour du Soleil, alors
il faudrait entreprendre avec une grande circonspection d'expliquer les
passages de l'Écriture qui paraissent enseigner le contraire, et nous devrions dire que nous ne les comprenons pas plutôt que de déclarer fausse une opinion démontrée comme vraie. Mais je ne crois pas qu'il y ait une telle preuve, puisqu'on ne m'en a pas présenté." Robert BELLARMIN, lettre à Foscarini (4/04/1615)
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" Ces
adversaires cherchent par tous les moyens possibles à me déconsidérer.
Ils savent que mes études d'astronomie et de philosophie m'ont conduit
à affirmer, relativement à la constitution du monde, que le Soleil,
sans changer de place, demeure situé au centre de la révolution des
orbes célestes et que la Terre tourne sur elle-même et autour du
Soleil. [...]. Ils en sont venus à prétendre que mes propositions sont contraires aux Saintes Écritures et qu'en conséquence elles sont condamnables et hérétiques. Ils n'ont pas eu de peine à trouver quemlqu'un qui eut l'insolente audace de le proclamer du haut de la chaire et d'étendre cette accusation sur les mathématiques entières et les sur tous les mathématiciens; devenus plus sûrs d'eux mêmes, ils insinuent maintenant parmi le peuple la croyance que l'autorité suprême interviendra bientôt dans cette affaire. [...]ils cherchent à faire croire que mon opinion est entièrement nouvelle et qu'elle m'est propre,dissimulant que Nicolas Copernic en est l'auteur. [...] Si les conclusions physiques vraiment démontrées n'ont pas besoin d'être subordonnées aux passages bibliques, si au contraire il faut montrer que ces derniers ne s'opposent point à celles-ci, en ce cas avant qu'une proposition physique soit condamnée, il faut montrer qu'elle n'est pas rigoureusement prouvée, et cela doit être fait non par ceux qui tiennent la proposition our vraie, mais par ceux qui la jugent fausse." Galileo Galilei, lettre à Christine de Lorraine (1615)
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L'histoire s'accélère:
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L'Index des Livres interdits (source: Wikimedia Commons) |
" Nous, Roberto, cardinal Bellarmino, ayant été informé que l'on raconte de façon calomnieuse que M. Galileo Galilei a abjuré entre nos mains et aussi qu'il llui a été imposé une pénitence salutaire, et étant requis de proclamer la vérité à ce propos, déclarons que ledit Galilée n'a abjuré, ni entre nos mains
ni entre celles de quiconque ici à Rome, ni ailleurs à notre
connaissance, aucune opinion ou doctrine soutenue par lui ; et
qu'aucune pénitence salutaire ne lui a été imposée. Mais seulement que lui a été notifiée la déclaration faite par le Saint-Père et publiée par la Sacrée congrégation de l'Index, en laquelle il est dit que la doctrine attribuée à Copernic [...] est contraire à la Sainte Écriture,
et ne doit donc être ni défendue ni soutenue. En foi de quoi nous avons
écrit et oaraophé de notre main les présentes, ce vingt-sixième de mai
1616." Robert BELLARMIN, lettre à Foscarini (26/05/1615)
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GALILÉE - D'autres nouvelles de la ville sainte, hors le fait d'espérer quelques nouveaux pêchés de ma part? LUDOVICO - Naturellement, vous savez que le Saint-Père est à l'agonie? GALILÉE - De qui parle-t-on pour lui succéder? LUDOVICO - Le plus souvent, de Barberini. GALILÉE - Barberini. ANDRÉA - Monsieur Galilée connaît Barberini. LE PETIT MOINE - Le cardinal Barberini est mathématicien. FEDERZONI - Un homme de science sur le Saint-Siège! [Un temps] GALILÉE - Voilà qu'à présent, ils ont besoin d'hommes comme lui, qui ont lu un peu de mathématique! Les chose commencent à bouger. Federzoni, nous allons peut-être finir par vivre un temps où nous n'aurons plus à regarder autour de nous comme des criminels pour dire que deux et deux font quatre. Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 9
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Une petite mise au point mathématique: Ptolémée vs Copernic en tant que modèle mathématique Il faut bien distinguer deux choses:
- la réalité physique (expliquer les phases de Vénus, le mouvement des satellites de Jupiter, la rétrogradation de Mars, le mouvement apparent de Vénus dans un angle limité vu de la Terre...) : à tout cela, le modèle de Copernic seul fournit une explication simple que celui de Ptolémée est incapable de justifier. Sur ce plan, il est légitime de ridiculiser les tenants de la lecture trop à la lettre de la Bible (Joshua arrêtant le Soleil dans sa course...), Simplicio et ses semblables; - la prédictibilité du modèle mathématique pour évaluer les positions futures des objets (vus de notre onbservatoire naturel, la Terre). Et à ce titre, le modèle de Ptolémée fonctionne parfaitement, et probablement mieux que celui de Copernic. Car son système, certes compliqué de superposition d'épicycles est en fait une préfiguration géométrique du développement en série de FOURIER: z = c1 eiωt + c2 ei2ωt + c3 ei3ωt
+ ...
En effet, pendant que Galilée se débat contre la censure,
Képler a démontré que les trajectoires ne sont pas circulaires mais
elliptiques -ce qu'ignorait Copernic- tout en demeurant périodiques
et régulieres
(pas de saut brusque des vitesses ou des
accélérations). Hypothèses
qui
suffisent (mais bien sûr, on ne le saura que plus tard) pour pouvoir
approcher à toute précision choisie le mouvement réel par une
approximation trigonométrique.chaque
troncature constituant une approximation de plus en précise. Autrement dit, on s'approchera d'aussi près que l'on veut du mouvement réel en "entassant" de plus en plus d'épicycles! Plus de détails techniques dans notre page spéciale consacrée à une Brève Histoire des Séries de Fourier.
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La gestation du projet est longue: l'ouvrage ne paraît qu'en 1632, quoique l'auteur ait écrit en 1629 qu'il ne lui restait plus que quelques détails de liaison à lui apporter. De fait, en cette même année 1629, le père Marin Mersenne, "la boîte à lettres de l'Europe" (scientifique) lui avait offert de le faire publier à Paris. Et cela lui aurait évité bien des tracas! Curieusement, la censure n'y trouve rien à redire dans un premier temps: l'ouvrage reçoit l'imprimatur de l'Inquisiteur de Florence et de celui de Rome. Mais ce répit est bref: le 21 juillet 1632, le père dominicain Riccardi leur transmet l'ordre d'Urbain VIII d'interdire la vente du livre... et de confisquer ceux qui ont déjà été acquis! |
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Marin Mersenne, entre Desargues (de face) et Pascal (de dos). Détail d'une peinture intérieure de la Sorbonne, voir notre page. |
Une
salle du Vatican - Le pape Urbain VIII -anciennement cardinal
Barberini- reçoit le cardinal Inquisiteur. Durant l'audience, on
l'habille. LE PAPE, d'une voix très forte - Non, non, non! L'INQUISITEUR - [...]Votre Sainteté veut-elle annoncer que l'Écriture ne saurait plus longtemps être tenue pour vraie? LE PAPE - Je ne laisserai pas briser les tables de l'Arithmétique. Non! [........................]
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Image extraite de la scène de l'habillage du Pape (Tableau 12) Misée en scène de Claudia Stavisky, 2019; Philippe Torreton y joue Galilée Voir la scène en entier |
LE PAPE - Cet homme tout de même est le plus grand physicien de ce temps, la lumière de l'Italie et non quelque esprit confus. Il a des amis. Il y a la cour de Versailles. Il y a la cour de Vienne. Ils vont appeler l'Église une fosse à purin de préjugés pourris. N'y touchez pas! L'INQUISITEUR - Pratiquement, il n'y aurait pas besoin de pousser les choses loin avec lui. C'est un homme de la chair. Il capitulerait tout de suite. de la plus profonde satisfaction, et de la manière la plus honorable pour vous. LE PAPE - [...] Et puis je ne veux pas de con damnation des preuves matérielles qu'il avance, pas de cri de guerre comme «Ici l'Église!» et «Ici la Raison!» J'ai autorisé son livre s'il reflétait à la fin l'opinion que le dernier mot n'appartient pas à la science, mais à la foi. Il s'y est tenu. L'INQUISITEUR - Mais de quelle manière? Dans son livre disputent un homme stupide qui naturellement défend les idées d'Aristote et un homme intelligent qui tout aussi naturellement défend les idées de monsieur Galilée, et cette umtime opinion, votre Sainteté, qui la profère? LE PAPE - [...] Qui soutient donc la nôtre? L'INQUISITEUR - Pas l'homme intelligent. LE PAPE - Cest une impertinence évidemment [...] En toute dernière extrémité, qu'on lui montre les instruments. L'INQUISITEUR - Cela suffira, Votre Sainteté. Monsieur Galilée s'y connait en matière d'instruments. Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 12
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La basilique, la piazza, par Giovanni Battista Falda (1669) sourrce (Wikimedia Commons) |
Galileo face à l'Inquisition Romaine, par Cristiano Banti (1857) source (Wikimedia Commons) |
Galilée devant le Saint-Office, par Joseph-Nicolas Robert-Fleury (1847)
source (Wikimedia Commons) |
L'INDIVIDU - Monsieur Galilée sera bientôt là. Il aura sans doute besoin d'un lit. FEDERZONI - On l'a libéré? L'INDIVIDU - On attend la rétraction de monsieur Galilée pour cinq heures, au cours de l'audience de l'Inquisition. On sonnera la grande cloche de Saint-Marc et on proclamera publiquement les termes de sa rétraction. ANDRÉA - Je ne le crois pas. [...] FEDERZONI regarde le cadran solaire dans le jardin. Cinq heures. [...] FEDERZONI, d'une voix rauque - Rien. Cinq heures sont passée de trois minutes. ANDRÉA - Il résiste. LE PETIT MOINE - Il ne se rétracte pas. [...] À cet instant la cloche de Saint-Marc commence à retentir. [...] On entend dans la rue le crieur public lire la rétraction de Galilée. ANDRÉA, à voix haute - Malheureux le pays qui n'a pas de héros! Galilée est entré, totalement changé, rendu presque méconnaissable par le procès. Il a entendu la phrase d'Andréa. [...] ANDRÉA - Je ne peux pas le regarder. Qu'il parte. FEDERZONI - Calme toi. [...] GALILÉE - Non. Malheureux le pays qui a besoin de héros. Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 13
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" Moi, Galileo, fils de feu Vincenzo Galilei de Florence, âgé de
soixante-dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les
très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute
hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main
les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens
encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le
futur, tout ce que la Sainte Église catholique et apostolique affirme,
présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par
injonction du Saint-office d'abandonner complètement la croyance fausse
que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la
Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre
ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par
oral ou par écrit ; et après avoir été averti que cette doctrine n'est
pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié
un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la
présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune
manière ; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie,
pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, est
sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut.
J'abjure et maudis d'un cœur sincère et d'une foi non feinte mes erreurs." Galileo Galilei, 22/06/1633
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GALILÉE - Je vis avec prudence et je pense avec prudence depuis que je suis ici. Cela ne m'empêche pas d'avoir des rechutes. [...] Barberini l'appelait la gale. Lui même ne s'en était pas complètement défait. J'aoi recommencé d'écrire. ANDRÉA - Ah bon? GALILÉE - J'ai achevé les Discorsi. ANDRÉA - Quoi? Les Discorsi?[...] Ici? GALILÉE - Oh, on me donne plume et papier. Mes supérieurs ne sont pas des imbéciles. Ils savent que les vices enracinés ne peuvent pas être extirpés d'un jour à l'autre. Ils me protègent des suites désagréables en me soustreyant le tout page après page. ANDRÉA - On vous laisse labourer l'océan! [...] Comment avez vous seulement pu écrire avec cette perspective devant les yeux? GALILÉE - Oh, je suis esclave de mes habitudes. ANDRÉA - Les Discorsi aux mains des moines! Et Amsterdam, et Londres, et Prague qui en sont affamés! [........................]
GALILÉE
- Cela [les] exaltera sans doute d'apprendre que j'ai risqué les
derniers restes misérables de mon bien-être pour faire une copie, pour
ainsi dire derrière mon dos, usant la dernière once de mumière des
nuits les plus clairesde ces six derniers mois.ANDRÉA - Vous avez une copie! [...] Où est-elle? GALILÉE - [...] Je présume que c'est le comble de la bêtise de la remettre à quelqu'un. Puisque je n'ai pas réussi à me tenir à l'écart des travaux scientifiques, vous pouvez aussi bien l'avoir. La copie est dans le globe. Si tu devais envisager de la faire passer en Hollande, tu en porterais sur tes épaules évidemment l'entière responsabilité. En ce cas tu l'aurais achetée à quelqu'un qui a accès à l'original au Saint-Office. . Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 14
| ![]() début de la troisième journée: mécanique, une des deux "sciences nouvelles"
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source des images (texte latin intégral) sur Gallica BnF |
ANDRÉA - Ce sera le fondement d'une physique nouvelle. GALILÉE - Fourre ça sous le manteau. ANDRÉA - Et nous pensions que vous aviez déserté! Ma voix était la plus forte à vous condamner! GALILÉE - Comme il se devait. ANDRÉA - Cela change tout. Tout! GALILÉE - Ah oui? ANDRÉA - Vous cachiez la vérité. À l'ennemi. Dans le domaine de l'éthique aussi vous aviez des siècles d'avance sur nous. GALILÉE - Explique moi ça, Andrea. ANDRÉA - Avec 'homme de la rue nous disions: il mourra mais il ne se rétractera jamais. Vous êtes revenu: je me suis rétracté mais je vivrai. Vous aviez les mains sales, disions nous. Et vous de dire: mieux vaut sales que vides! Bertolt BRECHT, la Vie de Galilée, Tableau 14
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"Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars !
Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! A qui cela
servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c’est une idée
de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes
bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire,
rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants.
Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la
merde et le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut
gouverner innocemment ?"
Jean-Paul SARTRE, Les Mains sales
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Décédé le 8 janvier 1642, Galilée a été inhumé dans la basilique Santa Croce de Florence.
Ferdinand II de Médicis
souhaitait lui faire construire une tombe monumentale, mais le Pape
-toujours Urbain VIII- et le cardinal Bellarmin s'y opposèrent
puisqu'abjuration ou pas, il avait été quasiment convaincu d'hérésie.
Son fidèle disciple Vincenzo Viviani avait tenté, mais en vain, de vaincre cette résistance; ce n'est qu'après sa mort, en 1737, que le corps de Galilée fut enfin transféré de sa première sépulture au grand mausolée de marbre... qui est en général le seul mentionné par les guides (aux deux sens du mot, autant les livres que les personnes). |
Santa Croce, telle qu'on la voit aujourd'hui, mais sa façade de marbre ne remonte qu'à 1863 |
Santa Croce, telle qu'elle était à l'époque de Galilée
Musée de l'œuvre de la basilique |
Réunion de l'Accademia del Cimento
Fresque de Gaspero Martellini |
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La salle peut,
aujourd'hui, paraître assez vide... mais il ne faut pas oublier qu'elle
était, à l'origine, une salle d'expositions de divers instruments de
physique.
Ils ont aujourd'hui rejoint le Museo Galileo, telles ces diverses
lunettes, fabriquées par Galilée, ses disciples (notamment Toricelli)
ou d'autres facteurs de la même époque.
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Le plafond est particulièrement travaillé (Noter que du point de vue géométrique, il s'agit d'une intersction de cylindres,
qu'on pourrait croire décomposée en deux ellipses, dans la mesure om la
dsalle est perçue comme carrée... mais ce n'est pas tout à fait le cas:
6,86m en profondeur pour 7,22m en largeur) La décoration comporte deux figures allégoriques en médaillon: la Mathématique (à gauche sur nos images) et l'Astronomie (à droite). Elles sont l'œuvre de Luigi Sabatelli. |
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Les "Placards" encadrant l'entrée, doù le nom du palais |
Détail : buste de Galilée au dessus de la porte |
Bien sûr, on le retrouvera dans "son " musée -qui est, de manière plus générale, un musée des sciences, le Museo Galileo (site officiel
, avec beaucoup de pièces de sa collection à voir en ligne... même si,
bien sûr, rien ne vaut une visite sur place). Nous l'y verrons seul... ou en compagnie de son fidèle Viviani!
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Tito Lessi, Galileo & Viviani, 1892 |
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On pourra découvrir un monument mémorial bien plus récent à une sortie de la ville, toujours le long de l'Arno. Cette stèle est un hommage et non une image... Inaugurée en 1997, elle s'intitule Soleil pour Galilée. |
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Stele "Sole per Galileo Galilei" |
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Œuvre de Gianni Arico, sponsorisée (entre autres) par le Cercle Galiléen de Bologne
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Á Kalouga, au Musée de l'Histoire de la Cosmonautique,
Galilée nous accueille dans le hall d'entrée, à côté de Képler... avec
qui il a entretenu une correspondance; ce voisinage est naturel.
Giordano Bruno et Copernic ne sont d'ailleurs pas loin!
On appréciera le style très ... soviétique de ces reliefs. Mais au moins, cela change un peu! N.B.: la présence de ce musée s'explique par le fait que c'est dans ce bourg qu'est né Tsiokovsky, le génial visionnaire de la conquête de l'epace! |